L'Equitation Pédagogique

cheval
©Laurence Grard Guenard

     Trotter enlevé    pédagogie

Trotter enlevé, ce moment magique

 

Le trot est une allure sautée à deux temps où le cheval avance par bipèdes diagonaux, chaque poser est séparé du suivant par un temps de suspension.

·         Poser, Appui, Propulsion du diagonal droit

·         Suspension

·         Poser, Appui, Propulsion du diagonal gauche

·         Suspension

Une demi-foulée de trot

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Poser, appui et propulsion du diagonal droit – suspension – poser du diagonal gauche

 

Pour économiser votre monture et vous-même, il vous faut adopter une activité qui vous permet d'échapper à une secousse sur deux, c'est le trot enlevé. Les différentes étapes de progression concernent le contrôle du déséquilibre : rechercher le rythme de sa monture et s’y adapter, savoir avec quel diagonal on trotte et en changer à volonté, stabiliser son équilibre et le rythme en terrain varié, lors d’allongements ou encore sur les déplacements latéraux.

Comment trotter enlevé ?
La description faite dans les manuels pose problème à celui qui ne connait pas le mécanisme et veut l'apprendre : le cavalier est-il actif ? Décolle-t-il les fesses en prenant appui sur ses étriers ? Ou bien est-il passif ? Est-ce la poussée d'un bipède qui lui permet de s'enlever ? Prend-il appui ses étriers ? Ou sur ses genoux ? Ou les deux ?


Ces errements font perdre du temps et de l’énergie au cavalier comme au cheval. En outre, toute recherche par tâtonnement conduit à des comportements incorrects qui s'installent malgré tout dans le système de coordination motrice.


Les défauts générés sont visibles au début de la formation lorsque le cavalier n’a pas encore réussi à les compenser. Mais un grand nombre de cavaliers conserve à un niveau relativement "élevé" une technique approximative, compensée par du matériel ou des aides artificielles, et n'atteint jamais la Légèreté qui permet un dialogue invisible entre le cheval et son cavalier.
a) cambrure exagérée, le dos du cavalier ne fonctionne pas, les mains ignorent la fixité qui permet de doser leurs actions, entre autre, savoir "résister" juste.
b) épaules en avant, le cavalier déséquilibre son cheval, regarde par terre, ne conduit pas sa monture, il reste passager, malgré lui. Ses fesses sont plus souvent sur le troussequin que dans le siège.
c) le cavalier fait un effort pour se lever en tirant avec les mains, ou en écartant les coudes, ses pieds partent dans les coudes du cheval et ne servent plus à prendre appui, ni à faire avancer le cheval, le cavalier retombe lourdement dans sa selle à chaque foulée, et tire sur la bouche à chaque "enlevé". 
d) le cavalier se lève en serrant ses genoux contre la selle ; le bas de jambe est inutile, et ne peut faire avancer le cheval, quand le cavalier ne le chatouille pas avec des pieds derrière le tapis.  Le haut du corps est penché en avant pour se placer au dessus du point d'appui (genou), qui sert de pivot, rendant l’équilibre instable.  

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Pour résoudre les problèmes de position, vous avez surtout besoin d'un enseignant avec un excellent coup d'œil ! Plus que repérer votre défaut, il va savoir analyser vraiment d'où vient le problème : souci d'orientation ou de fonctionnement ? Ce qui est observable n'est qu'un symptôme d'un ou plusieurs problèmes situés en amont sur lequel il est impossible d’agir directement : « recule tes pieds » « ne tombe pas dans ta selle»,  « redresse ton dos »…  
a) cambrure exagérée : travailler à partir de la position en suspension, utiliser les assouplissements à cheval comme toucher les épaules ou les oreilles du cheval en conservant le rythme. Faire comprendre le voussement du rein puis envoyer son bassin à l’intérieur de ses coudes en se levant…
b) épaules en avant : faire trotter le cavalier en avançant son ventre entre ses avant-bras et rallonger les étriers permet, peu à peu, au dos, de se verticaliser.
c) traction avec les mains et jambes en avant : raccourcir les étriers, faire tenir un collier, travailler à partir de la position en suspension, puis progressivement faire mettre une puis les deux mains sur les cuisses, sur la tête, dans le dos ...
d) genou verrouillé : faire travailler en équilibre sur différentes positions (debout, plié, sur la pointe des pieds…) et longueurs d'étriers jusqu'à ce que le cavalier prenne vraiment conscience de l'articulation de sa cheville (elle chauffe), faire écarter les genoux avec les pointes de pieds ressorties, revenir à une longueur d'étriers plutôt longues.  

Que se passe-t-il vraiment pendant que le cavalier se lève et s’assoit ?  Pendant que le cavalier s'enlève, le diagonal avec lequel il est accordé propulse le cheval dans la phase de projection. Tandis que le cavalier reste en appui sur ses étriers, le cheval frappe le sol avec l'autre diagonal, et fait sa seconde phase de projection. Le cavalier reprend contact avec la selle, au moment où le cheval frappe le sol avec le diagonal de départ. Le dos du cheval est ainsi monté, descendu puis remonté, tandis que le cavalier restait en appui sur les étriers. Si vous êtes très souple et disponible, ces mouvements du cheval correspondent à une très légère vibration dans la cheville.


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Le cavalier doit céder à la poussée d’un bipède. En réalité, le débutant n’arrive pas à "attendre" la propulsion d’un bipède, et il fait lui-même l'effort de quitter la selle. Ce phénomène donne naissance à un problème très courant de synchronisation qui peut persister pendant des années, le cavalier trottant légèrement en avance sur son cheval, perturbant inévitablement la régularité et la cadence. C’est ainsi qu’on observe parfois un même cheval transformé sous la selle de certains cavaliers.

Pour apprendre correctement le trot enlevé :
1/ Etre capable d'amortir les secousses en utilisant les articulations inférieures : chevilles, genoux, hanches. Commencer par adopter une véritable position en équilibre, mains posées devant la selle, genoux desserrés, chevilles flexibles, avec la sensation de poids dans les talons. Le genou ne doit pas devenir un pivot, sinon le cavalier bascule autour : buste en avant, jambes en arrière. Ce point est primordial !
2/ En équilibre, compter les temps du trot "un-deux, un-deux ..." et fléchir ses articulations en rythme pour effleurer la selle à tous les "un" ou tous les deux". Le cavalier doit provoquer son abaissement vers la selle à partir d'une position haute où il fait déjà l'effort de se porter : il écarte un peu les genoux lors de la descente. Il laisse la secousse suivante le remonter, et descend plus fort les talons lors l’élévation. De cette façon, il ne tire pas avec ses mains, et ses pieds restent sous ses fesses.
3/ A partir de la position en équilibre, le cavalier prend le trot enlevé et acquiert peu à peu plus de souplesse. La poussée du bipède commence à enlever le cavalier qui apprend à attendre son cheval. L'équilibre du buste se verticalise, le cavalier pense à se lever en « suivant sa tête », l'appui sur les mains diminue puis cesse.
4/ Toute sa vie, le cavalier perfectionne sa souplesse et son équilibre sur des chevaux présentant différents trots, selon leur conformation, équilibre, déséquilibre, sur des terrains variés, et lors de situations diverses où il peut parfois se servir de la fermeture du genou pour assurer momentanément son liant.

Savoir trotter sur le bon diagonal :
1/ Le cavalier doit d'abord être capable de reconnaitre avec quel diagonal il trotte : pour cela, il regarde les épaules, et non les sabots, du cheval, en baissant les yeux, sans trop se pencher en avant et sans soulever les mains pour regarder en dessous. Il cherche, en comparant, quelle épaule avance en même temps qu'il se lève.
2/ Le cavalier doit ensuite être capable de changer de bipède diagonal à volonté, soit en restant assis dans la selle, soit en restant en équilibre : pour que le cavalier acquiert de la souplesse et de l'équilibre, lors de ces changements de bipèdes, il travaille sur des rythmes modifiés de trot enlevé : (1 assis, 2 enlevé)

1-2   1-2   1-2 : devient 1-1-2   1-1-2   1-1-2 ou encore 1-2-2   1-2-2  

En restant assis, il ne doit pas s'effondrer, ou tomber dans la selle en rejetant les épaules en arrière comme au trot assis, mais amortir la propulsion avec une assiette liante, ses chevilles et ses genoux, comme en équilibre 3 points. Si le cavalier préfère rester enlevé, il doit descendre au maximum sur ses talons pour encaisser la secousse comme en suspension, et étirer la tête vers le haut. S’il jette ses fesses sur le pommeau de la selle, il risque de perdre l’équilibre ou le rythme et de retomber lourdement dans la selle après le changement de bipède.

Savoir changer de diagonal sans perturber le cheval est plus facile assis qu'en équilibre, mais peu le font vraiment avec légèreté, car le cavalier n’est ni en suspension, ni assis, mais dans un équilibre intermédiaire et temporaire.
3/ Le cavalier doit ensuite choisir le bon diagonal de façon systématique, épaule extérieure et postérieur intérieur en France par exemple.

4/ Plus tard, le cavalier sensible et léger sera capable de sentir, et non plus voir, avec quel diagonal il trotte : en trottant avec le diagonal droit, à main gauche, la jambe droite du cavalier ballote plus que la jambe gauche, le pied gauche s'appuie donc plus facilement sur son étrier que le pied droit, la cuisse droite sent le mouvement de recul de l'épaule droite, et l'assiette est momentanément déplacée à gauche. En reprenant contact avec la selle, la fesse droite pèse plus dans la selle. Avec la jambe intérieure plus fixe, le cavalier se sent plus à l'aise pour incurver et redresser le cheval sur les courbes. Il sent et sait qu'il est sur le bon diagonal. 

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De même lors des changements de main, si il veut travailler l'incurvation et l'équilibre de sa monture dès le changement de direction, le passage d'un diagonal sur l'autre doit être coordonné au redressement de la tige vertébrale.

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On se sert du trot enlevé surtout en extérieur. Au manège, on ne le pratique que pour détendre le cheval ou demander des allongements, car on privilégie l'amélioration de l’assiette donc le trot assis.  L’amélioration de l'équilibre au trot enlevé passe, entre autre, par l'allègement du temps assis, peu de cavaliers passent du temps à améliorer leur trot enlevé, pourtant il apporte dans la locomotion du cheval d'autres bénéfices certains :

-          Le diagonal avec lequel s’accorde le cavalier couvre plus de terrain.

-          Ce diagonal entraine les hanches de son côté.

-          Trotter sur le diagonal intérieur fait légèrement se traverser le cheval et peut l’aider à partir au galop sur le bon pied en cas de difficulté

-          Le cavalier peut aussi utiliser ce phénomène pour redresser un cheval qui se traverse, et régulariser l’allure.

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A lire : 

- Moyens de tenue
- Position en suspension
- L'assiette
- Rectitude et incurvation
- Assouplissement à cheval
- Dorsalgies du cavalier
- Le trot enlevé - Lhotte


Bibliographie complémentaire